Fort d’une expérience de plus de 30 ans dans le réseau diplomatique français, Luc Didon a travaillé avec l’Alliance française en Inde, dans les Caraïbes et à Barheïn. Diplômé en éducation, linguistique et gestion des événements culturels, son arrivée est considérée comme un atout pour l’Alliance française de Brisbane et la communauté francophone d’Australie.
Vous êtes directeur de l’Alliance française de Brisbane depuis un mois. Que pensez-vous de Brisbane, comparée à votre ville d’origine, Metz ?
Il est presque impossible de les comparer. Brisbane semble être très agréable, on y perçoit une sorte de « douceur de vivre » qu’on trouve seulement dans certaines villes. Ce que Brisbane et Metz ont en commun, c’est une atmosphère chaleureuse. Brisbane est tellement plus grande et plus cosmopolite que ma petite ville de Metz. J’apprécie particulièrement la diversité de Brisbane : c’est formidable de pouvoir manger thaï un soir, italien le lendemain et libanais le jour d’après, le choix est infini. Je suis parti d’une petite ville historique pour arriver dans une grande ville en pleine expansion.
Vous avez vécu et travaillé dans de nombreux pays, notamment à Jérusalem, en Inde, à Trinité-et-Tobago et à Bahreïn. Malgré les énormes différences culturelles entre ces nations, existe-t-il selon vous quelque chose qui relie la communauté francophile dans son ensemble ?
Les communautés francophones du monde sont généralement très cultivées. Leurs goûts sont raffinés et elles sont toujours à la recherche d’art, de nouvelles émotions et expériences. Lorsque les Australiens parlent de la France, ils savent de quoi ils parlent car ils voyagent régulièrement. Je suis toujours surpris de trouver, dans des pays éloignés, des clubs de lecture, par exemple le nôtre à l’Alliance française de Brisbane, qui lit Zola. Les gens me parlent des romans français qui viennent de sortir, des derniers films français à la mode… Un jour, j’ai assisté à une conférence d’un universitaire indien sur Albert Camus. Peut-être que le réseau de l’Alliance française est ce qui relie la communauté francophile du monde.
Avec plus de 30 ans d’expérience dans le réseau diplomatique français, vous avez sans nul doute acquis beaucoup de connaissances et de compétences. Pourriez-vous partager une leçon de vie qui vous paraît importante ?
Je pense que la culture d’un individu, de même que celle d’une société, se construit sur différents événements et échanges. Il y a toujours de la place pour ajouter une dimension supplémentaire à votre culture. La culture de quelqu’un n’est pas un territoire limité ; elle s’étend au gré des expositions à d’autres cultures. Je trouve très stimulant d’être considéré comme « exotique » quelque part : assimilé à un Indien en Europe, ou à un Européen en Inde. Je suis aussi très heureux de me sentir européen en Europe, indien en Inde et trinidadien à Trinité-et-Tobago. Je me sens chez moi partout à partir du moment où les commerçants de ma rue m’appellent par mon nom. J’aimerais qu’il en soit de même pour tout le monde.
Votre nouveau poste est excitant, sachant que la communauté francophone du Queensland est déjà importante et continue de croître. Avez-vous été surpris par le nombre d’Australiens passionnés par la langue et la culture françaises ?
Oui, je suis surpris par l’enthousiasme suscité par tout ce qui est français ici. Ce qui est nouveau pour moi, c’est la taille de la communauté francophone — des gens d’origine française ou de pays francophones, des Australiens et d’autres qui ont appris le français en langue étrangère.
Je suis aussi surpris par l’engouement pour notre événement « Beaujolais Nouveau » à venir, que nous organisons au Newstead House, ainsi que par les 600 spectateurs qui ont assisté à dernière pièce (toute en français !) présentée par le Brisbane French Theatre.
Dans notre réseau diplomatique, nous enviions toujours nos collègues australiens pour le succès du French Film Festival de l’Alliance française. 175 000 spectateurs en Australie pour sa 28ème édition, 25 000 à Brisbane ! C’est incroyable !
Les Australiens et en particulier les habitants du Queensland ont la réputation d’être faciles à vivre et décontractés. Du fait de votre expérience antérieure dans des postes stressants, en des endroits souvent difficiles, est-ce que cet environnement apparemment plus détendu vous plaît ou aurez-vous besoin de temps pour vous y habituer ?
Bien sûr, c’est une différence majeure avec mon dernier poste en Inde. «Détendu», c’est vrai mais «décontracté» non. J’ai travaillé pendant 4 ans à Trinité-et-Tobago, les gens y étaient détendus également. Mais ils étaient aussi exigeants qu’ailleurs et les projets que nous avons mis en place étaient de grande qualité. L’AF Brisbane est l’une des premières du réseau mondial des Alliances françaises à s’engager dans une procédure qualité. Nos membres et spectateurs attendent le meilleur de la culture française, nos étudiants ont l’habitude d’avoir accès aux meilleurs cours de français.
Qu’espérez-vous apporter à la communauté francophile en tant que directeur de l’Alliance française de Brisbane ?
Plus d’opportunités pour Brisbane d’accéder à ce qui se passe en France aujourd’hui dans différents domaines artistiques. J’espère que je vais trouver les moyens pour le faire. Je souhaite aussi renforcer les liens avec la Nouvelle-Calédonie, qui est si proche de nous, et faire comprendre que la langue française dépasse largement les frontières de la France.
Pour terminer, y a-t-il quelque chose de typiquement australien que vous voudriez absolument faire pendant votre séjour ici ?
J’ai vécu dans différents endroits de la planète où les gens viennent de loin pour faire de la plongée. Par exemple, la mer rouge, le golfe persique, les Caraïbes… Je n’ai jamais appris à plonger, pour différentes raisons. J’aimerais effectuer ma première plongée sur la Grande Barrière de Corail.
Merci et bienvenue à Monsieur Didon !
Kiara Casey
Traduction : Karine Arguillère
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