L’ambassadeur de Russie en Turquie a été assassiné lundi à Ankara par un policier turc, qui a affirmé agir pour venger le drame de la ville d’Alep, en passe de tomber aux mains du régime syrien soutenu par Moscou.
Le diplomate Andreï Karlov a été abattu de plusieurs balles alors qu’il prenait la parole à l’inauguration d’une exposition d’art dans la capitale turque.
Son assaillant, un policier rattaché au corps des forces anti-émeutes d’Ankara, a été tué par les forces de sécurité.
Voici ce qu’on sait de cet événement.
– Le déroulement des faits –
Il est 19H05 (16H05 GMT), M. Karlov s’exprime au pupitre à l’occasion d’une exposition photographique dans une galerie d’art à Ankara. Soudain, des coups de feu éclatent: le diplomate tressaille sous l’impact des balles, puis s’effondre lourdement.
« Allah Akbar! » lance le tireur, identifié par les autorités comme un jeune policier turc, Mevlüt Mert Altintas.
Brandissant son pistolet, portant un costume sombre et une cravate, il affirme avoir agi pour venger le drame de la ville d’Alep, en passe de tomber aux mains du régime syrien soutenu par Moscou.
Selon le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, des policiers d’un commissariat voisin se sont immédiatement rendus sur place pour tenter de neutraliser l’assaillant. Ce dernier a été tué lors d’une fusillade avec des membres des forces d’intervention spéciales, a indiqué M. Soylu.
Pour le diplomate russe, il est toutefois trop tard: il arrive à l’hôpital Güven à 19H53 (16H53 GMT), où les secouristes tentent en vain de le réanimer.
– L’assaillant présumé –
Agé de 22 ans, Mevlüt Mert Altintas servait depuis deux ans et demi dans les forces de la police anti-émeute à Ankara. Né le 24 juin 1994 à Söke, dans la province d’Aydin (ouest de la Turquie), il était diplômé de l’académie de police d’Izmir (ouest), a indiqué M. Soylu.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si l’homme, armé d’au moins une arme de poing, était en service lundi soir lors de l’exposition ou s’il était parvenu à s’infiltrer dans la cérémonie.
Si le mobile de cet acte reste à déterminer, l’assaillant a fait référence à la Syrie et à Alep, selon plusieurs témoins et une vidéo de l’événement visionnée par l’AFP. « N’oubliez pas Alep, n’oubliez pas la Syrie! », lance-t-il après avoir crié « Allah Akbar » et évoqué en arabe « ceux qui ont fait allégeance au jihad ».
Le maire d’Ankara, Melih Gökçek, a estimé sur Twitter que l’assaillant pouvait être lié au réseau du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par le gouvernement turc comme l’instigateur du putsch manqué en juillet.
– La victime –
Andreï Karlov, âgé de 62 ans, était un diplomate expérimenté qui a servi en Turquie à une période charnière pour les relations entre Moscou et Ankara.
Arrivé en 2013 à Ankara, il aura contribué au renforcement des relations entre la Russie et la Turquie, qui s’étaient brutalement dégradées après la destruction d’un avion russe par l’armée turque à l’automne 2015.
Leurs liens se sont toutefois réchauffés ces derniers mois et l’ambassadeur russe a joué dans ce cadre un rôle important, selon les dirigeants turcs qui lui ont rendu hommage.
« Il a montré qu’il était un vrai diplomate en période difficile », a déclaré le ministre turc Mevlüt Cavusoglu, qui a regretté le décès d’un « ami ».
Marié, père d’un enfant et parlant couramment l’anglais et le coréen, M. Karlov a notamment été en poste en Corée du Nord et en Corée du Sud.
– Le contexte –
L’assassinat de l’ambassadeur russe survient la veille d’une rencontre cruciale consacrée à la Syrie entre les chefs de la diplomatie de la Russie, de la Turquie et de l’Iran.
Au moment de l’attaque, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, se trouvait justement dans un avion pour Moscou.
La Turquie et la Russie restent opposées en Syrie, où Moscou soutient le président Bachar Al-Assad et Ankara l’opposition qui cherche à le renverser depuis 2011.
La multiplication des contacts diplomatiques entre Ankara et Moscou a permis de lancer un processus d’évacuation de la ville d’Alep.
AFP
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