Jean-Yves le Drian, Gérald Darmanin, et Jean-Baptiste Lemoyne ont présenté hier soir un nouveau dispositif de soutien aux Français de l’étranger. 220 millions d’euros vont d’ores et déjà être mobilisés pour apporter un soutien sanitaire, financier et éducatif aux Français résidant hors de France. Anne Boillon, Consule générale de France à Sydney, a expliqué au Courrier australien les répercussions de ce plan de soutien sur la vie des Français en Australie.
Que signifie ce dispositif de soutien annoncé hier par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ?
Cela signifie que nous entrons maintenant dans la deuxième phase de la gestion de crise. Dans un premier temps, nous avons commencé par apporter une assistance au retour aux Français qui souhaitaient rentrer le plus vite possible. Cela s’est fait au mois de mars, jusqu’à mi-avril. Rapatrier les Français dans le besoin constituait une priorité pour l’Ambassade et pour le Consulat. Des milliers de citoyens ont ainsi pu regagner la France, et on estime que 78% des touristes français en Australie ont pu rentrer chez eux dans les meilleurs délais, une réussite.
Nous pouvons désormais passer à la deuxième phase dans l’assistance à nos compatriotes, qui vise à venir en aide aux Français résidant à l’étranger. Ce plan comprend donc des aides sociales, médicales et éducatives. L’Australie ne recevra pas d’aide médicale particulière pour les Français. C’est un pays en voie de sortie de crise, du moins sur le plan sanitaire, qui dispose d’un bon système de santé. Certains Etats, comme la Nouvelle-Galles du Sud et le Victoria prennent en charge les soins pour les personnes qui ne résident pas en Australie, même si elles ne sont pas couvertes par leur assurance. Néanmoins, si l’Australie est un pays relativement épargné par la crise, cela ne signifie pas que la situation est facile pour tous les Français, notamment sur le plan financier.
Nous avons par exemple connaissance de la situation critique dans laquelle beaucoup de jeunes Français se trouvent, qu’ils soient étudiants ou détenteurs d’un visa Vacances Travail. Ces Français n’ont souvent accès à aucune aide, car ils ne sont pas reconnus comme des résidents en Australie. La situation peut également être difficile pour les familles françaises résidant en Australie, un pays au coût de la vie élevé. Ce dispositif de soutien va nous permettre de leur apporter l’aide dont ils ont besoin.
Vous l’avez évoqué, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a insisté sur le soutien aux familles et à l’éducation des jeunes Français expatriés, comment ce soutien va-t-il être mis en place en Australie ?
Nous avons tout d’abord repoussé la date de soumission des dossiers de demande de bourses. Nous allons prendre en compte cette année une éventuelle dégradation récente des revenus, ce qui n’est normalement pas le cas. Les demandes ne mentionnent d’habitude que les revenus de l’année précédente.
Les familles qui reçoivent déjà une bourse auront également la possibilité dès maintenant de demander une réévaluation à la hausse des montants perçus, si leurs revenus ont été affectés par la crise. Cela pourra les aider à régler les dernières mensualités de cette année scolaire.
Le premier conseil consulaire en charge des bourses qui réunit les conseillers consulaires, le consulat, les établissements scolaires concernés et les parents d’élève et qui se tiendra prochainement eprendra pleinement en compte la situation actuelle. Le dispositif de soutien des Français à l’étranger annoncé hier soir prévoit une aide considérable aux familles, grâce notamment au versement de bourses. Pour vous donner un ordre d’idée, chaque année, le gouvernement français alloue 105 à 110 millions d’euros aux bourses à destination des familles françaises à l’étranger. Hier soir, le Ministère a annoncé que 50 millions d’euros supplémentaires viendront renforcer ce budget, une augmentation de près de 50%.
Cette aide financière sera destinée aux familles françaises dont les enfants sont scolarisés dans un établissement homologué, comme le lycée français Condorcet à Sydney. Pour les familles qui ne sont pas françaises mais dont les enfants sont scolarisés dans un tel établissement, une aide pourra être proposée par les écoles. Aide qui sera elle-même financée par le réseau de l’AEFE (Agence Enseignement des Français de l’Etranger), bénéficiaire des fonds annoncés par le Ministère hier soir.
Les aides financières seront bien évidemment attribuées sur critères sociaux. Le gouvernement français a simplement anticipé que malheureusement, davantage de citoyens en auront besoin cette année pour traverser cette crise sans précédent.
Quand et pour combien de temps seront mises en place ces aides ?
Pour le moment, il est difficile de répondre à cette question. Les autorités françaises ont hier soir réaffirmé leur soutien aux Français résidant à l’étranger, soutien qui sera maintenu tout au long de cette crise. Il s’agit certainement d’un processus long, qui s’appuiera sur des dispositifs déjà mis en place, comme les bourses. Ces dispositifs disposeront simplement de fonds supplémentaires.
Nous voulons avant tout attribuer l’argent public en fonction des besoins. C’est pour cette raison que nous sollicitons en ce moment le tissu associatif, à travers notamment les Sociétés Françaises de Bienfaisance, plus connues sous le nom French Assist, et présentes dans plusieurs Etats australiens. Il est primordial de mobiliser les associations. Ce sont elles qui sont sur le terrain, et qui peuvent estimer les besoins des Français sur place. Nous allons donc les solliciter, et les soutenir.
Les aides seront par la suite distribuées là où elles sont nécessaires. Ce ne sont pas des aides « par catégorie », mais des aides au cas par cas. Nous examinerons la situation de chaque foyer, de leur revenus, mais aussi de leur capacité à pouvoir mobiliser de l’assistance autre que celle de l’Etat, de leur famille notamment. Ces aides sociales doivent profiter à ceux qui en ont le plus besoin.
Beaucoup de Français sont déjà rentrés en France, mais un certain nombre de ressortissants sont restés en Australie, pouvez-vous faire un point sur la situation ?
On estime que près de 80% des touristes français en Australie ont pu rentrer en France. Un tiers des jeunes Français détenteurs d’un visa Vacances Travail sont également retournés chez eux ces dernières semaines, pour raison économique ou à cause de l’échéance de leur visa. Cela signifie que près de deux tiers des titulaires français d’un visa Vacances Travail ne sont pas partis. Pour vous donner un chiffre, on estime que 17,000 Français se trouvent toujours en Australie, tout en n’étant pas considérés comme des « résidents », selon les critères australiens. L’Ambassade et le Consulat n’obligent personne à quitter le territoire. C’est à chacun de prendre ses responsabilités, selon sa situation.
Il est cependant de mon devoir de dire que nous n’avons que très peu de visibilité à moyen et long termes. Dans la mesure où les frontières vont rester fermées pour le moment, nous ne pouvons pas garantir que les compagnies aériennes internationales , actuellement actives, comme Qatar Airways, maintiendront des vols quotidiens vers l’Europe dans les prochains mois, comme c’est encore le cas aujourd’hui. La demande risque d’être très faible, puisque les Australiens ne peuvent plus quitter le pays.
Par ailleurs , les compagnies aériennes nationales sont subventionnées dans le cadre d’un accord avec le gouvernement australien pour opérer un service minimum mais seulement jusqu’au 7 juin Au delà de cette date, le paysage est incertain et il dépendra très certainement du rythme des mesures de déconfinement en Australie ; cela ne concerne pas tant les personnes qui vivent dans la région de Sydney que les personnes qui sont au Nord du Queensland par exemple où il n’y a pas de liaison internationale. .
J’attire aussi l’attention sur le fait que les compagnies internationales qui ont pour l’heure suspendu leurs itinéraires complets Australie – Europe ( Thai Airways, Emirates, Etihad, Cathay, Singapour Airlines par exemple …) ne pourront les reprendre que lorsque les hubs aéroportuaires qu’elles utilisent seront réouverts au transit. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. C’ est pour cela que nous encourageons les personnes qui veulent partir dans les prochaines semaines à regarder les options effectivement existantes. Pour plus d’informations relatives au dispositif de soutien aux Français résidant en Australie, rendez-vous sur le site de l’Ambassade de France en Australie.
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