L’administration Trump envisage d’imposer des droits de douane sur les importations d’aluminium en provenance de l’Australie. Devant la levée de boucliers des responsables militaires et des stratégistes américains, cette décision pourrait bien être rapidement enterrée.
Conseillers commerciaux contre conseillers militaires
Certains des principaux conseillers commerciaux du président Donald Trump avaient insisté pour que les tarifs douaniers soient appliqués en réponse à l’afflux d’aluminium australien sur le marché américain au cours de l’année 2018 ( +45%).
Mais des responsables du ministère de la défense et du département d’État ont mis en garde le chef de l’Etat contre la perte de cet allié de poids pour contre-balancer l’influence de la Chine dans la région.
Cette mesure pourrait ouvrir un autre front dans une guerre commerciale mondiale qui a opposé les États-Unis à des alliés comme le Canada, le Mexique, l’Europe et le Japon, et approfondi les divisions avec des pays comme la Chine. Ce serait aussi la fin d’un sursis pour le seul pays à être totalement exempté de taxe sur l’aluminium depuis le lancement par Donal Trump d’une guerre commerciale sur l’acier et l’aluminium avec l’UE et la Chine.
C’est n’est pas la première fois que sa décision de frapper des alliés proches avec des tarifs douaniers provoque un tollé au sein de l’armée américaine ; cette dernière jugeant en effet que ces guerres sont dangereuses pour l’hégémonie américaine et son réseau d’alliance.
»Le centre de gravité du monde se déplace de l’Europe vers l’Asie. Les intérêts américains coulissent donc de l’occident vers l’orient. Perdre un allié de poids comme l’Australie dans la région serait une catastrophe » a prévenu Patrick Shanahan, secrétaire d’Etat à la défense.
Réduire l’influence de la Chine dans la région : une priorité pour les Etats-Unis
L’administration a finalement accepté de ne prendre aucune mesure du moins dans l’immédiat.
Les droits de douane sur l’Australie auraient touché les importations d’aluminium, bien que des mesures qui auraient été appliquées à d’autres produits aient également été discutées. Les expéditions d’aluminium australien vers les États-Unis ont bondi depuis 2018.
M. Trump a imposé l’année dernière un droit de 25 % sur l’acier importé et un droit de 10 % sur l’aluminium importé de nombreux pays européens. Cette mesure visait à protéger les producteurs américains contre les importations à bas prix, qui, selon l’administration, constituaient une menace pour la base industrielle nationale et donc pour la sécurité nationale.
Certains pays, comme le Brésil, l’Argentine et la Corée du Sud, ont obtenu des exemptions temporaires sur certaines de leurs importations, mais ont finalement accepté de limiter la quantité de métal qu’ils pouvaient exporter aux États-Unis.
L’exemption totale de l’Australie a quant à elle été le fait de l’ancien premier ministre Malcolm Turnbull, qui a conclu un accord avec M. Trump en 2017 pour éviter les tarifs. Face au rapprochement économique de l’Australie et la Chine, les Etats-Unis préfère caresser dans le sens du poil leur allié australien. Une perte d’influence sur l’Australie serait en effet lourd de conséquence sur les Etats-Unis.
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