Après la publication de son dernier ouvrage, Flanders in Australia, l’auteure Jacqueline Dwyer, a accepté de partager avec nous son choix d’écriture, ses expériences culturelles et sa vie familiale. Interview.
Le Courrier Australien: De quoi parle votre livre ?
Jacqueline Dwyer: C’est un travail de recherche qui retrace plusieurs périodes de l’histoire et présente la relation entre la France et l’Australie. L’ouvrage nous plonge dans un contexte de tensions entre la France et la Grande-Bretagne. À cette époque, les Français de France s’entendaient bien avec les Français d’Australie grâce au marché de la laine. Mon grand-père était le premier à afficher les bonnes relations entre les deux nations en fondant la chambre de commerce franco-australienne. Cependant, ce qui les a vraiment uni c’était la Guerre de 14-18. Le gouvernement français a mobilisé tous les jeunes français de 20 ans et plus pour combattre dans l’armée française. Mon père et tous les hommes de sa famille ont fait la Somme, Verdun, Ypres… Il écrivait quotidiennement dans son journal et en anglais.
Pourquoi ce sujet en particulier et cet intérêt pour l’occupation allemande de 39-45 ?
C’était une période horrible, et c’est arrivé si vite… Comme nous habitions loin, nous étions très anxieux et inquiets pour notre famille. Nous n’avions pas de détails sur ce qu’il se passait et sommes retournés rapidement en France après la guerre en 1947. J’ai eu 20 ans le jour où la guerre s’est terminée. À la mort de mon père, ma mère a tout gardé : le journal de Verdun et une trentaine de lettres qu’il avait écrites à destination de ses frères et sœurs restés en Australie. C’est seulement lorsque ma mère est décédée que j’ai découvert toutes ces archives. J’ai commencé à les lire et j’ai réalisé l’importance qu’elles avaient. J’ai été très émue et j’ai réalisé que je ne voulais pas gâcher ces merveilleuses ressources. J’ai donc décidé de les donner à la State Library de NSW qui les conserve dans un très bon état.
Etiez-vous déçue d’apprendre l’existence de ces archives si tard ?
Je ne sais pas vraiment. Avec quelques années de plus, cela m’a permis de mieux comprendre mon père tandis qu’à 20 ans, on pense d’abord à sa carrière et à soi.
Quelle était la relation entretenue avec vos parents ?
Assez bonne en général, jusqu’à l’adolescence (rires). Nous avions la chance d’habiter dans une période durant laquelle il y a avait de l’aide domestique. Nous avions une excellente cuisinière australienne et étions servis à table tous les jours. Les discussions entre nos parents se faisaient devant ma sœur et moi. J’ai beaucoup appris de ces moments, en écoutant et en participant aux conversations.
Est-ce que cette tradition de repas en famille perdure encore aujourd’hui ?
On aurait bien aimé mais mon mari était médecin anesthésiste et revenait donc tard le soir. Pour autant, cela ne m’empêche pas d’entretenir une très bonne relation avec ma famille.
Comment vous est venue l’envie d’écriture ?
C’est naturel ! J’aime la culture de manière générale. Je vais à des concerts, j’adore la musique, le théâtre et la littérature. Je n’avais pas peur d’écrire car j’écrivais en classe très facilement. L’écriture est une manière plus ordonnée de transmettre ses idées.
Vous avez sûrement beaucoup voyagé, que vous ont apporté ces expériences à l’étranger ?
Une véritable passion pour les cartes géographiques ! J’adore ça et je me souviens de regarder chaque jour sur la carte, tous les ports, toutes les villes on l’on s’arrêtait. J’ai toujours aimé les voyages, les cultures des autres pays et particulièrement la gastronomie de chaque lieu : ce que les gens mangeaient, comment ils se tenaient, etc. C’est mon père qui nous a surtout fait partager ce goût du voyage. Il a poussé mon éducation plus que ma mère. Pour elle, il fallait s’occuper davantage de son intérieur, et moi ça me rasait ! (rires)
Est-ce que vous préférez la France ou l’Australie ?
Les deux nations sont très liées. Je me sens parfaitement à l’aise en France comme en Australie. Cependant, il y a certaines différences comme par exemple la manière dont on catégorise les gens en classe sociale. En France, on va être très attentif et on en parle plus ouvertement en utilisant parfois des mots très blessants. En Australie, c’est un sujet tabou.
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