Avant que l’ouragan Dorian frappe les Bahamas en septembre, les responsables locaux de la Croix-Rouge pensaient que le pays était bien préparé pour faire face à la tempête, avec des normes de construction, de nombreux abris et une aide pré-positionnée. Ils se trompaient.
« Nous étions préparés à des ouragans que nous connaissions déjà (…) nous n’avions pas anticipé la puissance de Dorian », a expliqué à l’AFP la cheffe de la Croix-Rouge pour les Bahamas, Terez Curry, en marge d’une conférence internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève.
« On peut le voir comme un désastre du changement climatique », a-t-elle ajouté.
Bien qu’il soit difficile de faire un lien direct entre le changement climatique et Dorian ou d’autres tempêtes, les experts s’accordent à dire que l’élévation de la température augmente de façon importante le risque de catastrophes climatiques plus fréquentes et de plus forte intensité.
– « Effet de loupe » –
« Nous constatons que les fortes tempêtes deviennent de plus en plus fortes », a confirmé à l’AFP Maarten van Aalst, directeur du Centre Climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
« Le changement climatique a un effet de loupe sur le risque », a-t-il ajouté, mettant l’accent sur les canicules plus fréquentes et plus meurtrières en Europe, les incendies de forêts aux Etats-Unis, en Australie et même récemment en Suède, près du Cercle arctique.
« Et l’intensité des cyclones les plus puissants est en augmentation », a-t-il rappelé.
C’était certainement le cas de Dorian quand il a frappé les Bahamas, a souligné Mme Curry. L’énorme tempête d’une magnitude historique a fait au moins 63 morts et 463 disparus.
Plus de 7.000 habitants des îles Abacos ou de Grand Bahama, les plus touchées, ont perdu leur habitation, et 75% des constructions ont été détruites dans certaines zones par l’ouragan de catégorie 5, selon l’ONU.
« Avant Dorian, nous pensions que nos toits étaient bons, que nos normes de construction étaient adaptées, que nous étions préparés à emporter un nécessaire pour ouragan et à rejoindre un abri », a-t-elle raconté. « Aujourd’hui, nous sommes dans l’après-Dorian et tout a changé. »
Les Bahamas sont pourtant habitués à voir passer des ouragans chaque année et ont déjà eu à subir de puissantes tempêtes, mais Dorian, survenu après un été marqué par des températures record, avait une telle force que tout le monde a été pris par surprise.
« Nous pensons vraiment que nous ressentons les effets du changement climatique », a estimé Mme Curry.
Le réchauffement climatique fait partie des thèmes majeurs qui ont été discutés pendant cette conférence, qui rassemble cette semaine quelque 3.000 participants.
– Plus de prévention –
Les délégués réunis à Genève ont appelé à une reconnaissance mondiale de l’impact humanitaire dû au changement climatique et à des efforts concertés pour répondre aux risques croissants.
Un projet de résolution soumis à la discussion demande également aux pays de s’assurer que leurs lois et leurs politiques sont « intelligentes face au climat », c’est-à-dire davantage centrées sur la résistance des constructions et la réduction des risques de catastrophes.
La Croix-Rouge appelle par ailleurs les pays donateurs à permettre aux fonds d’aide humanitaire d’être versés avant qu’un désastre survienne, afin de faciliter la préparation et de réduire ainsi les souffrances de la population, selon M. van Aalst.
« Il est nécessaire d’investir davantage dans la prévention », a-t-il recommandé, soulignant que « nous ne pouvons déjà pas faire face et les risques continuent de monter ». « Se préparer simplement à répondre (à une catastrophe) n’est pas suffisant », conclut-il
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