Les étudiants étrangers? Une « manne économique » et « des ambassadeurs de demain » selon les acteurs du secteur. La France, bien placée mais talonnée par l’Australie, tente de tirer son épingle d’un jeu international de plus en plus en plus compétitif.
La hausse du nombre d’étudiants étrangers venus en France parfaire leur éducation supérieure a connu une hausse exponentielle depuis l’an 2000 (+77%, à actuellement quelque 300.000 jeunes), mais celle-ci s’est nettement ralentie depuis dix ans.
Si les champions du secteur restent les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France est désormais au coude à coude avec l’Australie, qui a lancé au printemps une « stratégie nationale pour l’éducation internationale sur dix ans » et compte faire de ce secteur l’un de ses piliers de croissance, pour rééquilibrer une économie fortement dépendante de l’industrie minière. L’Australie est un pays anglophone, « gros avantage », et bénéficie de l’immense bassin asiatique, qui rassemble la moitié des étudiants partant à l’étranger pendant leurs études, explique Didier Rayon, directeur des études à Campus France.
Cette agence, chargée de promouvoir l’enseignement supérieur français à l’étranger, avait chiffré à 4,654 milliards d’euros par an l’apport économique des étudiants étrangers en France, dans une étude de 2014 qui additionnait les frais d’inscription dans les facs ou les écoles, les dépenses courantes et de logement, les visites des familles et les frais de transport.
En retranchant les coûts pour la France de la formation de ces étudiants, y compris les bourses, Campus France arrivait à un solde net de 1,7 milliard d’euros. « On s’y retrouve très vite », note M. Rayon, qui évoque les bénéfices ultérieurs: « ces jeunes, de retour chez eux, deviennent des ambassadeurs de notre pays et des relais d’opinion », voire des oreilles attentives lors des négociations de gros contrats commerciaux. Mais « il faut gagner sa place, la compétition est de plus en plus difficile ».
– Une législation plus favorable –
Pour maintenir sa part de marché (6%), la France a mis en oeuvre des mesures et une législation plus favorable depuis 2013: la loi Fioraso autorise la tenue de cours en anglais dans les écoles et les universités, les étudiants étrangers peuvent travailler à mi-temps et les titulaires d’un master (bac+5) bénéficient d’une autorisation provisoire de séjour de douze mois à l’issue de leurs études pour trouver un travail. Ces règles sont supérieures aux normes européennes.
A partir de fin 2016, ils pourront aussi obtenir une carte de séjour pluriannuelle après l’expiration de leur premier titre de séjour, pour quatre ans maximum. Parmi les atouts de la France, des frais d’inscription très faibles dans les universités (184 euros en licence, 256 en master).
Certains, comme le président de Paris-Dauphine Laurent Batsch, souhaitent d’ailleurs une différenciation pour les étudiants étrangers, dont les familles n’ont pas payé d’impôts en France. Des frais élevés sont synonymes de qualité pour les étudiants asiatiques ou anglo-saxons et permettraient de contribuer aux budgets des universités. Les pays adoptent des politiques différentes dans ce domaine.
A Paris, qui accueille 60.000 des 300.000 étudiants étrangers venus en France, la Cité universitaire internationale améliore chaque année son dispositif de « guichet unique », qui permet aux jeunes étrangers de conduire leurs démarches sur un seul lieu: préfecture de police pour les titres de séjour, CROUS, caisse d’allocations familiales, RATP, Pôle Emploi etc.
« On a besoin de communiquer là-dessus », déclare Carine Camby, déléguée générale de la Cité, de retour d’une mission dans les universités de Montréal et de Toronto au Canada, où elle a rencontré recteurs et étudiants.
AFP
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