Les Américains cherchaient lundi à comprendre pourquoi un mystérieux retraité, équipé de multiples fusils d’assaut, a mitraillé les milliers de spectateurs d’un concert en plein air à Las Vegas dimanche soir. Les autorités ont rejeté une revendication de l’organisation Etat islamique.
Le bilan s’est encore alourdi en fin de journée lundi, passant à 59 morts et 527 blessés, établissant un sinistre record. Outre ceux touchés par balles ou par éclats de balles, beaucoup se sont blessés dans leur fuite.
Perché dans un étage élevé d’un hôtel surplombant le concert, le tireur était un Américain blanc de 64 ans, Stephen Craig Paddock, riche comptable à la retraite habitué des casinos. Il s’est suicidé avant que les policiers ne l’atteignent.
Une chose est certaine: il s’était minutieusement préparé. Les policiers ont retrouvé 16 armes de calibres différents dans sa chambre, la plupart des fusils d’assaut, vraisemblablement transportées dans plus de 10 valises, selon le shérif de la ville, Joseph Lombardo. Certains fusils étaient équipés de lunettes. Son véhicule contenait du nitrate d’ammonium, un engrais qui peut servir à fabriquer des explosifs. A son domicile, un véritable arsenal, comprenant des explosifs, a ensuite été découvert.
Le FBI a rejeté la piste d’un attentat jihadiste, face à une revendication de l’organisation Etat islamique qui a qualifié le tireur de « soldat », converti il y a quelques mois à l’islam et nommé dans leur communiqué « Abou Abdelberr l’Américain ».
« Nous n’avons établi aucun lien à ce stade avec un groupe terroriste international », a déclaré l’agent spécial de la police fédérale Aaron Rouse.
Le bilan dépasse celui de la boîte gay d’Orlando en juin 2016, quand 49 personnes avaient péri sous les balles d’un homme ayant déclaré son allégeance à l’EI. Jamais un homme seul n’a abattu autant de personnes aux Etats-Unis.
– Le déroulement de la tuerie –
Le président Donald Trump, lors d’une déclaration à la Maison Blanche lundi matin, n’a évoqué ni la question des armes à feu ni celle du terrorisme, appelant sobrement à l’unité du pays.
« Notre unité ne peut pas être brisée par le mal, nos liens ne peuvent pas être défaits par la violence et, bien que nous ressentions de la colère face à l’assassinat insensé de nos compatriotes, c’est l’amour qui nous définit aujourd’hui », a-t-il déclaré dans une allocution au ton grave.
Une minute de silence a été observée à la Maison Blanche, où les drapeaux ont été mis en berne, comme au Congrès.
Le dirigeant se rendra mercredi à Las Vegas.
Stephen Paddock s’était installé avec son arsenal au 32e étage de l’hôtel Mandalay Bay, massif établissement qui offrait une vue dégagée sur le festival de musique country « Route 91 Harvest », en contrebas, de l’autre côté du fameux Las Vegas Boulevard.
Plus de 22.000 spectateurs écoutaient le chanteur Jason Aldean, quand vers 22H08 heure locale, les premiers tirs ont retenti. Après un moment d’incrédulité, la panique saisit la foule.
De longues rafales sont audibles dans les innombrables vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Des gens tentent une échappée pour se mettre à couvert. D’autres se couchent à plat ventre ou protègent leurs proches de leurs corps.
« Nous ne savions pas d’où venaient les tirs, donc on courait sans savoir où aller », a raconté à l’AFP Ralph Rodriguez, un consultant informatique venu de Los Angeles pour le festival. « On a emmené des gens qui saignaient, on leur disait: +si vous pouvez tenir, tenez bon, faut partir+ ».
– Cache d’armes –
Les enquêteurs ne privilégiaient aucune piste en fin de journée lundi. Ils n’ont retrouvé aucun texte ou manifeste, a expliqué le shérif, qui a qualifié l’homme de « loup solitaire ».
Son frère, Eric Paddock, a affirmé qu’il était « riche », n’avait « pas d’affiliation religieuse ou politique » et « n’était pas du tout un fan des armes ».
Une affirmation à l’évidence contredite par l’arsenal découvert au domicile du suspect, à Mesquite, à environ 120 km de Las Vegas: 18 armes à feu, des explosifs, et des milliers de balles. La police s’apprêtait à fouiller une autre propriété du tueur, dans le nord du Nevada.
Stephen Paddock n’avait jamais eu affaire avec la police, ce qui n’était pas le cas de son père, Patrick Benjamin Paddock, un braqueur de banques parmi les fugitifs les plus recherchés par le FBI dans les années 1960.
Le tueur était arrivé dans sa suite, composée de deux pièces, le 28 septembre, sans que le personnel de l’hôtel n’ait remarqué ses armes. A l’aide d’un outil comme un marteau, il a brisé les vitres pour pouvoir mieux tirer, laissant deux trous sombres dans la façade dorée de l’édifice.
Selon la police, l’homme s’est suicidé avant que les unités d’intervention de la police ne fassent exploser la porte de sa chambre, avant minuit.
La compagne du tireur, une femme d’origine asiatique du nom de Marilou Danley, se trouvait lundi à Tokyo. Les forces de l’ordre cherchaient à l’interroger.
Après les expressions politiques de compassion et de solidarité, les démocrates ont exigé que le Congrès agisse, enfin, pour restreindre l’accès aux armes à feu.
Mais la Maison Blanche a répondu que ce débat sur les armes était « prématuré », à ce stade préliminaire des investigations.
AFP
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