« Soit nous ne savons pas écrire, soit ils ne savent pas lire », s’exclame Vince Forrester, propriétaire traditionnel du lieu, en parlant des milliers de touristes qui escaladent Uluru, au grand dam des Aborigènes locaux.
« Tous ces panneaux en différentes langues demandent expressément de ne pas grimper Uluru. Je suis vraiment déçu qu’ils n’y prêtent pas attention ».
La semaine dernière, le gouvernement Turnbull a annoncé que le Big Uluru Trek, organisé par une société privée, débuterait en août. Il s’agit d’une randonnée de 100 km pendant 5 jours à travers le désert, d’Amata jusqu’Uluru, qui fournira un nouvel atout touristique pour la région et stimulera les investissements. Ce projet évoque la possibilité de ne finalement pas interdire l’ascension très controversée de ce site sacré.
Le chemin suit le sentier emprunté par les aborigènes Mala lors de leur arrivée à Uluru. Les propriétaires traditionnels considèrent que les touristes qui foulent le rocher manquent de respect envers ces croyances traditionnelles.
Le plan de gestion de l’Uluru-Kata Tjuta National Park, de 2010, indique que les autorités allaient œuvrer « à l’interdiction de l’ascension » pour des motifs culturels, environnementaux et de sécurité.
Néanmoins, un porte-parole du ministre de l’Environnement, Greg Hunt, a déclaré mardi qu’il n’y avait « aucun projet visant à modifier les dispositions actuelles ».
En 2009, lorsqu’il était dans l’opposition, M. Hunt avait affirmé que la fermeture du rocher aux promeneurs « figurait dans l’agenda du Labor », ajoutant que cela marquerait « la fin d’une des grandes expériences touristiques d’Australie ».
Le plan de gestion actuel de l’Uluru-Kata Tjuta National Park établit que l’ascension d’Uluru sera définitivement interdite si une de ces conditions est réunie : moins de 20 % des visiteurs grimpent le rocher, il existe de nouvelles attractions touristiques qui permettent de la remplacer ou l’ascension n’est pas la raison principale pour laquelle les touristes visitent Uluru.
Le nombre de personnes grimpant le rocher a considérablement diminué au cours de ces dernières décennies. Entre 2011 et 2015, le nombre de touristes qui escaladaient le rocher avoisinait les 20 %, selon l’agence fédérale Parks Australia, ce qui équivaut à près de 55 000 individus en 2015.
Une étude menée par Parks Australia révèle que 98 % des visiteurs se rendraient à Uluru, même si l’ascension était interdite. De plus, cette agence a annoncé mardi que de nouvelles attractions touristiques seraient mises en place.
36 personnes sont décédées en escaladant Uluru, (la dernière victime remonte à 2010), et beaucoup d’autres se sont blessées. Ces incidents causent du chagrin pour les aborigènes de la région qui estiment avoir un devoir de protection envers les touristes.
M. Forrester a expliqué que les propriétaires traditionnels sont « extrêmement déçus» que le gouvernement continue de permettre aux touristes de grimper Uluru décrit comme « l’âme de ce pays».
« Uluru est sacré. Les gens en sont de plus en plus conscients. Désormais, ce sont les politiciens et les bureaucrates qui doivent le comprendre », a-t-il déclaré.
Même Greg Donovan, directeur général de Big Run Events, la société privée qui organisera de Big Uluru Trek, soutient l’interdiction de cette ascension.
« Il semblerait que cette ascension perturbe les esprits et les aborigènes de cette région. Si nous l’interdisions, je ne crois pas qu’il y aurait une quelconque répercussion sur le tourisme ».
Source : Sydney Morning Herald
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