Un amant sulfureux, un faux testament, une dose mortelle de paracétamol, mais pas de preuves: dix ans après la mort à Paris du magnat de Warner Music, le parquet demande un procès aux assises contre son ex-compagnon.
Alexandre Despallières, qui clame son innocence, est accusé d’avoir empoisonné le producteur Peter Ikin, patron de la compagnie de disques en Australie et proche d’Elton John et Madonna, pour faire main basse sur sa fortune, estimée à dix millions d’euros.
Le 12 novembre 2008, le millionnaire australien de 62 ans, est retrouvé mort dans un hôtel parisien. L’autopsie conclut à une mort naturelle. Son corps est incinéré, à la demande de son compagnon, mais contre la volonté de sa famille.
Des doutes émergent et Gary Perritt, neveu et ayant droit du défunt, porte plainte en décembre 2009. Une analyse toxicologique sur des organes conservés révèle alors une dose mortelle de paracétamol dans le sang, l’équivalent de 40 cachets.
Une enquête pour assassinat est ouverte. Elle révèle qu’Alexandre Despallières, habitué du monde de la nuit et du show-business, avait renoué avec le producteur, rencontré vingt ans plus tôt, quelques mois avant son décès.
M. Despallières lui aurait fait croire qu’il était devenu extrêmement riche et qu’il était en train de mourir d’une tumeur au cerveau.
Selon le réquisitoire du parquet dont l’AFP a eu connaissance, c’est sur ces « motifs fallacieux » que les deux amants concluent au Royaume-Uni un « civil partnership » (union civile) désignant Despallières comme légataire universel, mais ce document n’est pas reconnu par le droit australien.
Les enquêteurs soupçonnent M. Despallières d’avoir produit, afin de lever cet obstacle, un faux testament après le décès d’Ikin.
Mis en examen en juin 2010, Alexandre Despallières avait été remis en liberté en février 2012 pour raison médicale et placé sous contrôle judiciaire.
Depuis lors, l’enquête avait stagné jusqu’à une ultime confrontation des protagonistes de l’affaire en mai 2017.
Le 10 janvier, le parquet de Paris a requis le renvoi aux assises de M. Despallières, 50 ans, pour « assassinat, faux et usage de faux ».
Malgré l’absence de preuve directe du crime, le parquet retient son attitude « plus que singulière » après le décès, le « véritable stratagème » mis en place « pour détourner l’héritage » ainsi que sa « mythomanie ».
Le ministère public souhaite aussi le renvoi pour « complicité d’usage de faux » de Jérémy Bilien et Vincent Bray, deux amis qui ont reconnu avoir aidé à établir le testament controversé.
Le parquet requiert enfin l’abandon des poursuites contre Laetitia Nail, l’ex-femme d’Alexandre Despallières qui avait été mise en examen elle-aussi pour assassinat.
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