Des chercheurs se sont demandés pourquoi il n’y avait pas plus de variations régionales dans l’accent anglais-australien ; lors de cette recherche, ils ont remarqué une influence multiculturelle en augmentation.
L’Australie a beau être un continent énorme, l’accent anglais-australien est plutôt homogène parmi tous les états. Les chercheurs de l’Université de Melbourne croient que cette tendance est liée à l’histoire plutôt qu’à la géographie.
« Par exemple, on peut immédiatement identifier à son accent si une personne vient du sud de l’Angleterre ou du nord, d’Ecosse ou du Pays de Galles » explique le Professeur John Hajek de l’école des Langues et de la Linguistique de Melbourne University. « Mais nous avons beaucoup de mal à savoir si un individu vient de Brisbane, Melbourne, Sydney ou Perth. »
Les aborigènes avaient développé plus de 250 langues différentes au moment de l’arrivée des premiers colons, mais les Australiens issus de la colonisation européenne se sont installés il y a à peine 200 ans ; et ils sont très mobiles. Cela expliquerait qu’aucun accent régional n’ait eu le temps de se former.
D’après Leith McPherson, conférencière au Victorian College of Arts, qu’il est très facile de se méprendre sur les caractéristiques de l’accent australien.
« Je pense que les étrangers se focalisent trop sur les sons de l’accent britannique cockney. On retrouve beaucoup d’éléments du cockney dans l’accent australien. Mais ces deux accents restent bien différents. Certaines distinctions peuvent s’effectuer sur les voyelles, par exemple le ‘a’ de ‘laugh’ sera soit un son se produisant dans le milieu de la bouche, soit provenant de l’arrière. »
Parler proprement
« Si vous regardez la télévision australienne des années 50 à 70, l’accent britannique est très prégnant, » explique le Professeur Hajek. « Pourtant les présentateurs sont tous australiens. Si vous écoutez des anciens présentateurs, en particulier d’une certaine classe sociale, ils ont une consonnance plutôt britannique. »
« Auparavant, plus l’accent australien était fort, plus le niveau d’éducation avait des chances d’être faible, et inversement. Il existait même une tradition qui a désormais disparu : les Australiens prenaient des cours d’élocution pour essayer d’acquérir l’accent britannique typique des classes sociales élevées. Des générations entières ont pris des cours pour ‘parler proprement’ »
Les migrants
Dr Debbie Loakes, de l’école des Langues et de la Linguistique, a travaillé sur un projet « Super Diversité », qui examinait comment des Irlandais et des Chinois adoptaient certaines caractéristiques de l’accent australien.
« Les personnes qui sont là depuis 10 ans et plus ont tendance à adopter des traits de l’accent local. Mais il peut y avoir des résistances. Certaines personnes ne veulent pas ressembler au groupe qu’elle rejoignent, elles deviennent hyper conscientes de leur accent et cherchent à le conserver — c’est alors une question d’identité. Dans le cas où l’anglais est une seconde langue, les migrants sont probablement plus motivés à assimiler l’accent. »
Il ne faut toutefois pas oublier un autre élément : l’influence transculturelle.
Ethnolect
Le Dr Loakes explique que les enfants sont influencés par la façon de parler de ceux qui les entourent, y compris leurs parents s’ils sont étrangers. Par exemple ces enfants peuvent conserver en anglais des caractéristiques issues de la langue de leurs parents, que ceux-ci ont conservé dans leur façon de parler anglais.
« Les linguistes appellent cette tendance un ‘ethnolect’, lorsque ces caractéristiques sont transmises aux enfants ou petits-enfants » précise-t-elle.
« Parfois il arrive aussi que les enfants d’une école se mettent à adopter un accent libanais ou grec, parce que le groupe d’enfants parlant ainsi est majoritaire ou tout simplement populaire. » L’accent est aussi affaire de prestige, et d’imitation.
Quant au développement d’accents régionaux, le professeur Hajek en est convaincu : ils commencent à apparaître en Australie.
« Nous avons des preuves que Melbourne montre quelques signes particuliers en terme d’accent, notamment sur une voyelle. A Melbourne on a tendance à prononcer le nom la ville ‘MAEL-bun’, avec une voyelle très ouverte. A Brisbane aussi, on commence à entendre des signes distinctifs »
Source : sbs.com.au
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