Paris (AFP) – Les représentants des présidents de tribunaux et procureurs de France ont salué vendredi la lettre de « regrets » de François Hollande après ses propos controversés sur les magistrats comme « un début d’explication », mais ont prévenu qu’il faudrait du temps « pour que les choses se cicatrisent ».
« On considère que c’est une première démarche pour nous dire qu’il est conscient à la fois de la blessure qu’il a pu créer mais surtout, qu’il considère que notre action est digne du plus grand respect », a déclaré devant la presse le procureur de Nancy Thomas Pison, au nom des quatre conférences nationales représentant procureurs et présidents des tribunaux et cours d’appel.
« Il faudra au fil du temps beaucoup de pédagogie pour que les choses se cicatrisent », a ajouté M. Pison, président de la conférence nationale des procureurs.
« C’est une première réponse.Une réponse forte.Nous verrons ce qu’il en sera » à l’avenir, a renchéri Jean-Jacques Bosc, vice-président de la conférence nationale des procureurs généraux.
M. Hollande avait provoqué une bronca en taxant de « lâcheté » l’institution judiciaire, dans des propos rapportés dans le livre de journalistes, « Un président ne devrait pas dire ça » (Stock).
Dans sa lettre adressée au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et aux principaux magistrats de France, le président « regrette profondément » ses déclarations, « sans réalité avec [sa] pensée » et ressenties « comme une blessure par les magistrats ».
Les magistrats s’exprimaient après avoir été reçus par le ministre de la justice Jean-Jacques Urvoas, dont ils ont « apprécié la démarche ».
Les magistrats ont apprécié « l’écoute » du garde des Sceaux, auquel ils ont rappelé la vive émotion suscitée par les propos du président, « la violence des propos » pour des magistrats « particulièrement impliqués dans la lutte contre le terrorisme », « le côté insultant des termes » et « le côté dangereux » de propos qui « sapent l’autorité de l’autorité judiciaire dans le rapport notamment au justiciable ».
Dans un communiqué, Jean-Jacques Urvoas a dit « comprendre l’émoi exprimé par les représentants de l’institution judiciaire » et fait part de « sa volonté de poursuivre avec eux le dialogue entamé sur la situation de l’institution judiciaire ».
Le ministre a rappelé « l’augmentation continue et sans précédent des moyens financiers et humains nécessaires » à la justice et souligné que depuis mai 2012, le gouvernement avait « rompu avec les pratiques antérieures » en renforçant l’indépendance des magistrats et en se gardant de toute ingérence.
« Les magistrats sont prêts, comme ils l’ont toujours fait, à travailler avec l’institution », ont assuré les présidents des conférences.
Source: AFP
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