Une fois par an, Parkes, petite ville minière l’arrière-pays australien, prend des allures de « Graceland » pour célébrer le « King ». Des légions entières d’Elvis débarquent, vêtus de combinaisons blanches et dorées et dégoulinants de sueur sous leur moumoute.
Le Festival Elvis de Parkes attire pendant cinq jours dans cette zone rurale des dizaines de milliers de fans arrivés à bord du « Elvis Express » ou du « Blue Suede Shoes Express ». Il se vante d’être le plus grand événement consacré à la superstar américaine de tout l’hémisphère sud.
La métamorphose de la ville va au-delà de l’insolite. D’après les organisateurs, les 27.000 festivaliers ont généré cette année 13 millions de dollars australiens (8,2 millions d’euros) de retombées pour l’économie locale.
« C’est tout simplement dingue », dit à l’AFP Andrew Porter, propriétaire du North Parkes Motel, commentant l’afflux croissant de visiteurs. « C’est devenu de plus en plus fréquenté au fil des années. Cela a aidé toute l’économie ».
Les fortes températures ne découragent pas les amateurs: les chambres d’hôtel sont réservées des années à l’avance, les sites dédiés débordent de caravanes et les terrains de sport sont hérissés de toiles de tente.
« Beaucoup de gens viennent ici et dépensent un gros paquet d’argent. », raconte Elvis Lennox, qui s’appelait jadis Neville Steven. Il possède une vaste collection de souvenirs qu’il expose dans son musée privé.
Le festival a redonné vie à cette région perdue
Pendant la première décennie, le festival n’a eu que peu d’impact sur l’économie locale, se rappelle le maire Ken Keith. Mais l’augmentation de la fréquentation est allée de pair avec celle des revenus.
Des villes jusqu’à deux heures et demie de route profitent de l’aubaine, proposant chambres et transport aux festivaliers restés bredouilles à Parkes même.
D’après le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud, 43 millions de dollars australiens (27 millions d’euros) devraient être injectés cette année dans la région en général, une manne inespérée en pleine période de sécheresse grave.
Les habitants de Parkes travaillent toujours dans les mines, l’agriculture et la logistique des transports. Mais le festival a donné un coup de fouet à l’industrie des services ainsi qu’à la population.
Selon le Bureau australien des statistiques, ces dix dernières années, le nombre d’habitants a augmenté de 4%.
Une situation qui tranche nettement avec le vécu d’autres localités rurales.
Parkes est un modèle pour les régions agricoles qui veulent se réinventer, juge Chris Gibson, géographe à l’Université de Wollongong.
Inspirées de son exemple, d’autres petites villes ont créé leur propre événement, comme Trundle avec son festival ABBA ou Kandos et son festival Bob Marley.
A Parkes, les visiteurs peuvent assister à plus de 200 événements en rapport avec le « King » mais le festival surfe aussi sur l’amour des Australiens pour la fête.
La tradition sportive australienne est aussi à l’honneur: des dizaines d’Elvis en combinaison blanche et perruque disputent des matches de rugby avec la même ferveur qu’ils mettent à boire des bières.
« Le festival honore un artiste qui n’a jamais visité l’Australie, sans parler de Parkes, en pleine canicule d’été, quand ce n’est vraiment pas confortable de porter des combinaisons en polyester », ajoute M. Gibson. « Ce sens de l’amusement est l’une des raisons de son succès ».
Même si l’événement attire toujours plus de jeunes, la majorité de festivaliers ont plus de 55 ans Les fans sont reconnaissants à Parkes de maintenir leur idole en vie.
« Des femmes sont venues, les larmes aux yeux. Je leur ai demandé :Que se passe-t-il? et elles ont répondu: Il n’est pas mort, il est en vie, on peut le voir ici », s’extasie M. Lennox.
« J’ai dit, Oui je sais, on essaye de le garder en vie autant que possible. Il ne mourra jamais tant qu’on sera vivants ».
Sources : AFP
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